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2018

Jean-Michel Charette : 55 ans de Concorde !

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EWANews - Portraits

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Article du 5 mai 2012. Un nouveau chef officie aujourd'hui à la Concorde.

Pour lui le vendredi, c'est la répétition et cela depuis des années. "Quand on ouvre la boîte, on est tout petit" dit Jean-Michel Charette en regardant sa clarinette, l'oeil brillant. A 20h30 salle Roger Delord, c'est parti pour deux heures d'instrument. "La musique, c'est l'évasion. On termine la semaine, on s'évade, on revient petit enfant..." dit-il. Il a commencé à l'âge de 9 ans et a consacré toute sa vie à cette passion, et en plus au sein de la même association : la Concorde Terrassonnaise.

Aujourd'hui, s'il continue à jouer, il préfère lever le pied et vient de passer le flambeau après 28 années de chef d'orchestre. Multi-instrumentiste, il joue aussi du trombone, de la flûte et du saxophone. Ce joueur d'instruments à vents ne manque pas de dynamisme. Il a cessé son activité professionnelle au profit de son épouse mais continue à la seconder. Il excelle aussi dans le bâtiment et a restauré toute sa maison à La Baretie, près d'ailleurs de la maison où il est né, il y a un peu plus d'une soixantaine d'années.

"A 12 ans, je descendais à pied à Terrrason avec la clarinette sous le bras. Au retour, les quelques rares voitures qui passaient par là s'arrêtaient toujours pour nous remonter" se souvient-il. A l'âge de 20 ans ce passionné d'Otis Redding et de James Brown profite de la période des bals pour monter sur scène. Jean-Michel Charette avait ses propres fans. "Avec des groupes comme les Skittles ou encore David Sinclair, un petit groupe de dix musiciens, on jouait de la variété" dit-il. "Chaque week-end, on parcourait 300 à 400 km, sur la moitié de la France", et ce, jusqu'à l'époque du « disco ».

Sans voir passer le temps, le chef de musique est entré un peu dans la légende, tout comme son compère Raymond Thierry, actuel président de l'harmonie, et les nombreuses figures aujourd'hui disparues qui ont marqué la Concorde terrassonnaise : Messieurs Chaigneau, Pagnoux, Foucaud, Debet, Marceau Liautaud qui était chef d'orchestre quand J.M. Charette a fait ses débuts, et Roger Delord qui a repris une dizaine d'années... "C'était un personnage rassembleur, musicalement et humainement. Avec lui, nous étions plus de 80 musiciens et l'on pouvait jouer des morceaux plus compliqués, comme La Pie voleuse de Rossini, la Dame de pique ou la 5e symphonie. Cela m'a beaucoup formé. Et puis les gens se déplaçaient beaucoup plus pour nous écouter" raconte-t-il.

A la disparition accidentelle de M. Delord en 1977, Jean-Michel reprend la direction de l'orchestre alors qu'il n'a que trente ans. Il donne des cours aussi bénévolement pendant sept à huit ans pour former les trompettes, clarinettes, saxos jusqu'en 1985 mais doit arrêter pour des raisons professionnelles. Alors, sa passion est plus forte. Il revient quelques années plus tard pour rediriger durant 20 ans. Mathias Navalon reprend aujourd'hui le flambeau peu à peu. Le rôle de chef ne se limite pas à entraîner et accorder les pupitres. "Les morceaux, il faut les arranger, les choisir, c'est prenant" dit-il. "Parfois, il faut compenser l'absence d'un pupitre par des écritures musicales. Aujourd’hui, il faut faire beaucoup plus de prestations, alors qu'à l'époque on répétait toute une année pour faire deux concerts". Durant son passage, une période a été consacrée aux grands thèmes de musiques de film comme le Roi lion, la Belle et la bête, Pocahontas, Pearl Harbor, les Gladiateurs... "On se sent un peu porter par le public, et dès qu'il applaudit, il y a un réel plaisir" reconnaît-il simplement.

La Concorde terrassonnaise, c'est toute sa vie. Plus qu'une association "c'est une famille, cela a toujours été une bande de copains. On se téléphonait pour se dire : viens, ne nous laisse pas tomber !" Et s'il n'a pas vu le temps passer, il préfère regarder devant. "J'espère y être encore longtemps" dit-il avec le sourire et ajoute : "mais j'ai envie qu'il y ait des jeunes derrière moi". La société de musique a comme un parfum particulier. "Tous les âges sont concernés. Les anciens jouent à côté des débutants. L'ouvrier peut parfois cotoyer le directeur d'industrie ou de grands magasins". Et la Concorde ne manque aucune cérémonie locale comme le 8 mai, le 14 juillet et le 11 novembre. Bref, le musicien est visiblement très fier de son association. Notamment quand il sait que la Concorde peut aussi participer aux cours de musique et parfois même pour aider à l'achat d'un instrument. Pour lui "c'est normal. Le jeune musicien veut son instrument, c'est un aboutissement". Alain Rassat