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Aou
2018

Più di Voce : Contes d'Hoffmann à St-Léon, époustouflant

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Montignac - Loisirs/Culture

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Un spectacle haut en couleurs : Les Contes d'Hoffmann, d'après l'opéra fantastique de Jacques Offenbach,  qui  vient d'être donné dans l'église de Saint Léon sur Vézère les 31 juillet et 1er août 2018, avec  une fabuleuse réalisation scénique et lyrique, exprime l'extraordinaire travail de Più di Voce. Cette association qui respire l'amitié et la générosité autour de son président Patrick Magnée et de l'engagement de nombreux bénévoles et membres actifs, est depuis 2006 dédiée à l'art lyrique et musical.

Son parcours depuis 13 ans suscite l'admiration quand on mesure, comme l'a rappelé en fin de spectacle le pianiste Jean-François Boyer, directeur artistique du Festival Più di Voce en Périgord, le peu de moyens des premières années et l'éclosion aujourd'hui de  l'Académie de Chant Lyrique qui réalise dans le programme de sa Master Class et du Stage d'Opéra du 16 juillet au 3 août 2018, ses objectifs de formation théâtrale et vocale, animés par Maître Yi Ge. Ce ténor lirico-spinto qui poursuit une carrière internationalement reconnue, parallèlement à ses fonctions de conseiller du Centre International de l'Opéra Zhou Xiao-Yan du Conservatoire de Musique de Shangaï, est un professeur de chant hors pair. Au-delà de sa propre carrière et de sa voix, saluée entre autres par l'Opéra News Review et le Venice Gonolier Sun pour le Fils du Roi dans le"Konigskinder" d'Humperdinck, chanté en 1996 avec l'Opéra Sarasota en Floride, comme une voix "neuve","robuste et corsée", possédant une qualité riche et sombre", profondément attractive, il s'est dédié à l'enseignement du chant au conservatoire de musique de Shangaï et a participé depuis 2007 à de nombreux jurys de concours lyriques dans le monde entier.

Entouré de Jean-François Boyer et Dorothée Bocquet, chefs de chant, et de Jeanne Desoubeaux, comédienne professionnelle et metteuse en scène, ils constituent un encadrement artistique de haute performance auprès des dix sept stagiaires entendus avec bonheur dans le choeur des Contes d'Hoffmann.

Pour ceux qui voient surtout en Offenbach un compositeur d'opérettes satiriques et légères raillant les faiblesses de la société mondaine du  Second Empire, le spectacle des Contes d'Hoffmann invite à rencontrer une dimension bien plus profonde de cet auteur qui mêle même du tragique au caractère fantastique et parfois comique de cette oeuvre. Car le poète Hoffmann qui entend raconter ici ses amours, l'éblouissement dont il a été saisi pour trois femmes, Olympia, Antonia et Giulietta, plus Stella, interprétées magnifiquement par Céline Victores-Benavente, soprano colorature, voit toutes ses amours mises en échec et finalement impossibles par l'entremise perfide de Lindorf, Dapertutto, Coppelius et le Docteur Miracle, différents masques du diable...

Pierre Bessière, à la voix profonde de baryton-basse est époustouflant dans ces divers rôles par la puissance théâtrale et lyrique de son interprétation. Mais ces qualités sont hautement partagées entre tous les interprètes, notamment Zhiquan Lu, ténor lyrique, dans le rôle d'Hoffmann, rendant sensibles la naïveté et le romantisme du personnage, chantant avec une diction parfaite, Aurélie Magnée, mezzo-soprano à la voix de velours, qui interprète tour à tour la Muse, Niklause, la voix, et chante avec Giuletta une sublime barcarolle : "Belle nuit, au nuit d'amour.." La distribution est riche et il faut encore citer Rodolfo Cavero, lumineux ténor dans les rôles de Spalanzani et de Frantz, et plusieurs stagiaires en alternance dans les rôles de Crespel, Schlemil, Hermann, Cochenille , Luther et Nathanaël.

Outre le talent des chanteurs et du pianiste Jean-François Boyer, bien d'autres rôles ont contribué à la magie de ce spectacle. Entre la régie lumières, avec Jean-Claude Mathieu, les décors de Jean-Michel Prévost, la costumière Juliette Le Soudier, les retoucheuses, la maquilleuse la partie images et prise de son, bref c'est une large équipe technique qu'il faut aussi saluer, sans oublier le rôle du narrateur, Patrick Magnée, qui  assis sur un banc de jardin avec la jeune Norah Malbrunot, jouait le librettiste Jules Barbier, contant à sa petite nièce la malheureuse histoire du poète Hoffmann, en traçant les fils absents reliant ces extraits...

Deux autres soirées ce jeudi et ce vendredi

Après le départ des interprètes professionnels à la sixième représentation des Contes d'Hoffmann données dans le Périgord par Più di Voce, les chanteurs stagiaires vont avoir encore l'occasion de se produire dans les rôles principaux lors des deux concerts de restitution de stage à 21h le 2 août en l'église de Valojoulx et le 3 août en l'église de la Chapelle Aubareil, prix d'entrée 5 euros.