Invité à la Distillerie pour une soirée lecture, vendredi 30 juin 2023, le groupe terrassonnais de lectrices « Paroles de Livres » a fait partager au public un choix de textes tirés de « A la ligne » de Joseph Ponthus. Cette oeuvre, parue en janvier 2019, récemment publiée en Folio, et reconnue par de nombreux prix littéraires, est comme l’indique son sous-titre : « Feuillets d’usine », le journal d’un homme qui malgré ses études est contraint de travailler en usine pour suivre son amour. De conserveries qui traitent et conditionnent crevettes, bulots poissons ou tofu, à l’expérience du travail dans le sordide contexte d’un abattoir rempli de carcasses de porcs et de bovins, l’auteur, harassé par ses nuits de travail à la chaîne, va chercher au-delà de sa fatigue, l’énergie salvatrice de « dire » ce qu’il vit, et c’est un chef d’oeuvre.
En effet, loin de toute construction fictionnelle, son écriture parle une langue intime et simple, la langue d’un coeur nu étonné de voir ces grandes structures industrielles broyer des corps morts et ramèner à néant les automates vivants qu’elles utilisent pour des tâches insensées. Ecrire apparaît alors comme l’agir essentiel, qui l’extirpe de la situation qui le broie et lui autorise un regard d’homme, un regard libre sur ses conditions de travail. On pense à l’immersion volontaire de la philosophe Simone Weil pour connaître vraiment la réalité de la vie ouvrière lorsqu’en 1934 elle décide de quitter son poste de professeur en lycée pour devenir manoeuvre, soumise avec les autres ouvrières au rythme impitoyable des machines. Mais là où l’analyse pointue qu’elle en a tiré dans La Condition Ouvrière, relève de l’Enquête et de l’Essai objectif, l’oeuvre de Joseph Ponthus, elle, est un cri, un poème attaché à dire ce que l’usine même colmate comme si personne ne devait l’entendre…
Les quatre lectrices : Bernadette Beaudenon, Simone Bouchard, Dominique Dousseau et Isabelle Serre, qui ont formé le groupe « Paroles de Livres » en relation avec la Médiathèque de Terrasson, lisent ensemble depuis déjà une dizaines d’années et ont toujours un aussi vif désir de faire partager leurs coups de coeur littéraires. Elles ont offert à l’auditoire une lecture à quatre voix particulièrement vivante qui a parfaitement servi la force et parfois la tendresse du texte de Joseph Ponthus, qu’elles en soient encore applaudies et remerciées.
– Un problème technique nous rend très difficile, actuellement, la publication des photos sur notre site d’informations et nous ne pouvons publier d’autres photos sur cet article à moins d’y passer la journée, et ce n’est pas sûr qu’elles passent ! Cet article était écrit hier soir vendredi à 23h et nous ne le publions que ce samedi matin à 11h30 car la photo n’était pas encore passée. AR
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