Compte-rendu de l’Ares suite à la conférence sur le thème « L’industrie aéronautique française » animée le 11 juillet 2024 dans la cour du musée de l’Industrie de Saint-Lazare au Lardin par Philippe Fraysse.
« Philippe Fraysse, issu du monde syndical, a accompli l’essentiel de sa carrière chez AIRBUS. Avec la Direction générale, il a participé à l’essor de ce grand groupe européen. Il est par ailleurs le gendre d’André Constant, ancien maire de La Cassagne.
Préliminaire. Jean-François Blondel ouvre la séance et rappelle brièvement l’importance de trois facteurs propres à l’aéronautique :
– Sécurité : le transport aérien est l’un des plus surs du monde ;
– Bruit : si, au décollage, le bruit du Concorde était de 120 décibels (seuil de la douleur auditive), l’impact sonore d’un Airbus n’est que de 80 décibels aujourd’hui (bruit d’une tondeuse à gazon) ;
– Consommation et pollution. Concorde consommait 20 tonnes de kérosène par heure. Aujourd’hui, un Airbus A380 n’utilise que 2.9 litres par passager aux 100 kms : moins qu’une voiture !
En ce moment, il y a 200 avions en vol au-dessus de la France, dont 6 au-dessus de la Dordogne.
Exposé de Philippe Fraysse :
1- L’aviation d’aujourd’hui.
La France est l’un des leaders de l’Aéronautique Mondiale et dispose de nombreux constructeurs : Airbus, Dassault, Safran, MBDA, Thales, Ariane Group, Daher, etc. Le marché de l’aéronautique est en grand expansion. Les pays émergents étant très étendus (Chine, Inde…), le transport aérien s’impose alors que les plus petits pays (Europe) peuvent déplacer leur population en voitures ou en trains. Le tourisme mondial se développe fortement et entraîne une concurrence sur les prix des billets d’avion alors que la clientèle d’affaires stagne.
2- AIRBUS. AIRBUS dispose de 4 sites de montage sur trois continents. En Europe, les avions sont montés à Toulouse et à Hambourg. Il y a une chaine de montage aux USA et une autre en Chine. Chaque pays apporte sa contribution : pour un A320, le tronçon avant et le cockpit et l’électronique sont français, le fuselage arrière vient d’Allemagne, les ailes sont réalisées au Royaume-Uni, la partie arrière est espagnole. Il faut un mois environ pour monter un avion.
2/2 AIRBUS dispose, aujourd’hui, d’un portefeuille de commande (près de 6000 avions) lui assurant environ 8 années de travail. Face aux difficultés de recrutement, AIRBUS vient d’investir 20 MF à Toulouse pour développer une école de formation destinée aux jeunes. Des moyens itinérants sillonnent les Régions Nouvelle Aquitaine et Occitanie pour assurer la promotion de cette formation. Le groupe AIRBUS est un contributeur essentiel de l’exportation française : 58 milliards d’euros, soit une grande part de nos exportations. Les derniers chiffres font état de 147 800 salariés dont 52 000 en France.
3- Les avions du futur. Il est difficile de décarboner les avions et aucune décision de mise en chantier de nouveaux programmes n’est prise à ce jour. La fabrication en quantité d’un kérosène « dit vert » est actuellement irréalisable. L’avion électrique est une utopie. Les batteries devraient être intégrées dans le fuselage et leur poids ne permettrait pas à un avion d’atterrir. De plus, le temps de charge est incompatible avec la durée d’une escale. L’avion à hydrogène est peut-être une solution, mais le stockage à forte pression et basse température implique une augmentation considérable du poids de l’avion.
Questions posées :
– Quelle est la durée de vie d’un avion ?
Elle dépend beaucoup du nombre d’atterrissages-décollages et du cycle de pressurisation de la carlingue. Les différentes pièces d’usure d’un avion sont changées régulièrement. Après 30 ans de service, un avion est retiré du marché et démonté. Le fuselage en aluminium est récupéré pour être refondu. Les Américains stockent leurs anciens avions dans des cimetières du Nevada ; en France, les aéroports de Tarbes et Châteauroux réalisent ce type de déconstruction et récupèrent aluminium et titane.
– Quels sont les concurrents d’AIRBUS ?
AIRBUS et BOEING dominent le marché des avions civils. D’autres constructeurs comme EMBRAER (Brésil), BOMBARDIER (Canada) sont sur les marchés de l’aviation régionale et de l’aviation d’affaires. La CHINE fait du montage d’avions AIRBUS ; elle produit également un avion moyen-courrier mais les principaux équipements lui sont livrés par les constructeurs occidentaux. AIRBUS a repris au constructeur canadien la fabrication d’un avion qui a été appelé A220. Il ne semble pas y avoir de concurrents sérieux à court terme.
– Que devient le gros porteur d’AIRBUS A380 ?
Disposant de 4 réacteurs, l’avion peut embarquer 500 passagers. Etant difficile à remplir, sa production est arrêtée ». J.F. Blondel
Un pot convivial a clos cette conférence. Les prochaines rencontres annoncées sont :
– « Concert Neptunium » quatuor de guitares classique mercredi 7 août à 18h à Saint Rabier ;
– Dîner exceptionnel dans le parc du château de Peyraux le 6 septembre (sur réservation) ;
– « Trois humanités dialoguent » le 11 septembre avec Lydia Verlé, Christian Dutreuilh et Charles Kong Kong ;
– « Des hommes, des femmes… des Entreprises » Forum, le 12 octobre 2024 (10 intervenants) ;
– « Les sectes aujourd’hui » le 13 novembre avec Christine Rose ; …
Photo ci-dessous : Philippe Fraysse (à gauche) spécialiste de l’industrie aéronautique a présenté son analyse au public venu nombreux dans la cour du musée de l’Industrie.
Interview audio Ewanews : Philippe Fraysse – 11 juillet 2024.
Extrait de la conférence par Ewanews : « Il y a, en ce moment, 6.000 jeunes qui sont en alternance dans l’aéronautique. A Toulouse, un campus a été construit pour le logement des jeunes afin de leur permettre de suivre leur scolarité. Les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie vont communiquer à ce sujet auprès des jeunes en leur disant qu’ils peuvent trouver des débouchés, du travail intéressant et bien rémunéré dans l’aéronautique ». « Le chiffre d’affaires de l’aéronautique est de 70 milliards d’euros dont 45 milliards à l’exportation. C’est le plus gros rapport d’argent qui rentre en France… S’il n’y avait pas ces 45 milliards là, on dépasserait les 100 milliards d’euros de déficit. 10% du chiffre d’affaires est consacré à la recherche et au développement. C’est une industrie où il ne faut pas rester figé pour ne pas se faire rattraper par les concurrents… »