Un communiqué du Préfet de la Dordogne fait un point sur la situation de l’entreprise Condat, ce mardi 20 juin 2023 :
« L’État prend acte de l’annonce ce jour par le groupe Lecta de la fermeture de la ligne de production de papier couché (ligne 4) au sein de son entreprise de Condat en Dordogne. D’après l’entreprise, cette décision s’inscrit dans le contexte actuel de décroissance du marché du papier couché au niveau mondial. Aux côtés des collectivités locales, l’État a accompagné ces dernières années la modernisation de Condat en Dordogne : ce sont en effet les financements mobilisés par le groupe Lecta, soutenus par les pouvoirs publics, qui permettent aujourd’hui le maintien sur le site d’une activité industrielle autour du papier de spécialité (ligne 8). La montée en puissance de cette ligne de production de papier de spécialité et la mise en œuvre de la chaudière biomasse CSR sont les leviers qui doivent permettre de retrouver à l’avenir de nouvelles capacités d’investissements. Cette situation appelle une vigilance renforcée des pouvoirs publics. L’Etat pour sa part veillera à l’accompagnement des salariés et à l’application des procédures qui encadrent la réduction d’effectifs annoncée par l’arrêt de la ligne 4, en particulier au titre des obligations qui s’imposeront au groupe Lecta en matière sociale et pour la revitalisation du territoire. L’impact sur les sous-traitants est également un point sur lequel l’Etat attire l’attention de l’entreprise afin de les accompagner au mieux dans une transition ou adaptation de leurs activités. Le Préfet proposera de rencontrer les représentants des salariés dans les tous prochains jours, ainsi que les élus locaux concernés ». Le Préfet de la Dordogne.
De son côté, la fédération du Parti communiste de la Dordogne réagit fermement dans un communiqué publié également ce mardi 20 juin 2023 :
« Le couperet est tombé ce mardi via les médias locaux : les Papeteries de Condat ferment définitivement l’une de leurs deux lignes de production. Le choix du groupe Lecta France ne sera pas sans conséquence. D’abord sociale : quel avenir en effet pour les quelques 400 salariés de cette entreprise qui subissent déjà depuis l’automne dernier des mesures de chômage partiel et son lot de souffrance ? La fermeture de la ligne 4 induirait des licenciements pour la moitié d’entre eux. A cela s’ajoutent les emplois induits du Terrassonnais. Au total, ce serait plus d’un millier d’emplois menacés sur le territoire. A cette catastrophe humaine va se conjuguer une casse climatique quand demain le papier viendra d’Espagne et d’Italie par camions entiers. Malgré un chiffre d’affaires en 2021 de près de 42 millions d’euros pour Lecta France, et 1,5 milliards d’euros pour Lecta Europe, le groupe poursuit sa logique industrielle mortifère pour l’emploi et le climat en délocalisant sa production et en organisant ainsi une concurrence déloyale entre les salariés de ses propres entreprises. Nous n’oublions pas que le contribuable est largement mis à contribution dans cette destruction massive de l’emploi industriel à travers les nombreuses subventions publiques de plusieurs millions d’euros qui ont été versées par l’Etat et la Région aux Papeteries Condat ou encore par le financement de l’activité partielle de ces derniers mois. Sur le seul autel de la rentabilité, le groupe Lecta ouvre délibérément la porte du chômage pour des centaines de familles périgourdines et veut faire de l’un des plus gros bassins d’emplois de Dordogne une zone sinistrée. Le président de la République parle de souveraineté, de relocalisation et d’industrie verte. Le PCF de la Dordogne appelle l’Etat à transformer les beaux discours en acte en exigeant du groupe Lecta d’investir dans son outil de production et de maintenir l’ensemble des emplois des Papeteries de Condat ». La Fédération du PCF 24. Francis Valade du PCF à Terrasson ajoute : « on conteste aussi la politique industrielle que le groupe a mené depuis des années et qui conduit à cette situation ».
Les élus locaux sont également sous le choc, même si cette annonce était un peu attendue puisque la ligne 4 était déjà à l’arrêt depuis quelques mois. Francine Bourra, maire du Lardin-Saint-Lazare, veut continuer à se battre pour que la direction de l’entreprise (située sur sa commune) fasse marche arrière sur cette décision et pour que l’Etat intervienne pour soutenir l’Industrie française…
—->>>> Interview audio de Francine Bourra, maire du Lardin-Saint-Lazare, le 20 juin 2023 ;
Dans la presse locale, France Bleu souligne : « Les Papeteries ferment définitivement l’une des deux lignes de production » ; FR3 titre : « Les papeteries réduisent encore plus leur activité » ; et le journal Sud-Ouest : « Lecta prévoit de cesser la production de papier couché deux faces »…
Photo d’archives d’Ewanews de l’équipe qui travaillait à l’époque sur la ligne 6, devant la dernière bobine de papier, avant l’arrêt définitif de la machine le 1er juillet 2013.
Dix ans après, presque jour pour jour, l’arrêt définitif de la Ligne 4 est annoncé…