« Encore la Folie », un cri contre la guerre

Dimanche  20 juillet  2025, la  salle du marché couvert de Thenon  a accueilli le spectacle  écrit et interprété par Alan Bolle de la Compagnie Théâtrale « Les Voyageurs de Mots »: « Encore la Folie ». Dans ces temps où l’on vit tous les jours avec les pires images et insoutenables nouvelles des conflits armés en cours (110 en tout en 2025 dont 61 guerres d’Etats),  lourds de notre impuissance à arrêter les massacres et dévastations dont d’autres humains, majoritairement des civils, sont  les victimes, le théâtre vient faire effraction et crie ce que l’on garde en soi, cette douleur sourde, coupable, de voir et de savoir ça, cette négation immonde de la vie, sans pouvoir y remédier. Car c’est toujours cela la guerre, où qu’elle éclate…une machine à broyer les hommes, à détruire les villes, la nature, la vie…

Le texte d’Alan Bolle est un cri, écrit en 3 nuits, en 2023, devant ce « trop plein » d’images de destructions et d’horreurs, à Gaza, en Ukraine, au Liban… Sa voix est celle d’un écorché vif,  attaché à  la présence calme des grands arbres et de la rivière  du village connu de son enfance, et comme transpercé dans sa chair par le bruit terrifiant des chars et des bombes qui disloquent les  corps…

En une litanie à voix haute se heurtant au réel innommable de la guerre, Alan Bolle se livre corps et âme à la scène d’un monde dévasté, en une chorégraphie prodigieusement expressive. Rarement un acteur fait à ce point corps avec son texte, et l’on pense à l’art sublime de Laurent Terzieff jusqu’au dévoilement plein de pudeur d’une rencontre salvatrice qui permet à nouveau d’« habiter le monde en poète », selon les mots de Hölderlin.…Alors la langue change, il n’est plus question de « corps » ni de nombres, « Elle » chante l’unique, la personne riche de  mystère qui permet de revenir à la vie, puissance sans armes de l’amour, plus puissante que tout. 

On ne sort pas indemne de ce spectacle qui n’a rien d’un divertissement et qui donne au théâtre toute sa dimension cathartique, d’acte de pensée. « Ce texte, avoue Alan Bolle, j’aurais aimé ne jamais l’avoir écrit. Jamais. Malheureusement, je pense que c’est un texte qui sera encore d’actualité trop longtemps ». Il conclut :  « Si la mort est une fatalité, la guerre n’est pas une fatalité, on a le droit de dire « non ». »

Merci à toutes celles et ceux qui, autour d’Alan Bolle, scénographe, ont œuvré à la création de ce spectacle : Marie-Hélène Saller, à la mise en scène, Mathieu Blaise aux Lumières, Gilles Lorin et Gilles Laporte à la création sonore, Sarah Bardet à la chorégraphie et toute une équipe technique, plus les conseils avisés de Christian Taponard et Mathieu Dubois avec les Voyageurs de Mots.

Alan Bolle (3e en partant de la gauche) et Marie-Hélène Saller metteur en scène
Alan Bolle (photo Didier Thuillot)

Partager :