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05
Avr
2015

Le 31 mars 1944 à Terrasson : Lucien Cournil rappelle la tragédie

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Terrasson - Société

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Remise de gerbes au monument aux morts de Terrasson le mardi 31 mars 2015 en souvenir des Martyrs de la Libération... Au micro, l'ancien résistant et responsable de l'ANACR, Lucien Cournil, retrace cette sombre période de l'histoire de la ville :

"Comme l'a écrit René Delmas dans son remarquable ouvrage La Guerre Allemande en Terrassonnais, le mardi 14 mars a ouvert une série d'événements qui font de 1944 l'année rouge, rouge du sang de nos martyrs. Souvenons-nous. Le 14 mars 1944, 18 personnes seront arrêtées au cours d'une rafle opérée par les troupes d'occupation de la garnison de Brive. Toutes sauf une seront déportées dans l'enfer des camps de concentration nazis en Allemagne. Édouard Vézine, Jules Labrousse et Jean Verdoux ne reviendront jamais. Le 21 mars, c'est la milice du sinistre Denoix qui envahit Terrasson et procède à l'arrestation de Jean Rouby, haut responsable du mouvement Combat dans le secteur du Terrassonnais. Mais la colère est si vive en ville que Denoix, qui avait enfermé Jean Rouby dans une porcherie à Estieux, est contraint de relâcher son prisonnier dans l'après-midi. Fou de rage d'avoir à opérer cette libération, les miliciens arrêteront dix autres personnes à La Bachellerie, Beauregard et La Borie Basse. Conduits à la prison de Limoges, tous seront relâchés quelques jours plus tard sauf Marcel Picard qui ne sera libéré qu'à la libération de Limoges par les FFI du colonel Guingoin".

"Dans la nuit du 24 au 25 mars, quatre combattants d'un maquis FTP de la région de Montignac, Gaston Baspeyras 19 ans, Raoul Guinet 36 ans, Philippe Colomer 27 ans, et René Sarrette 19 ans tomberont les armes à la main avenue Victor Hugo sous le feu de la milice. Un cinquième Pierre Chalmont, grièvement blessé aux jambes, devra sa survie au docteur Daux et aux gendarmes qui empêcheront Denoix d'achever le blessé et organiseront clandestinement son évacuation de nuit vers une clinique de Brive. A son retour de Vichy où il venait de rencontrer Darnant, Denoix avait prévenu : vous allez recevoir la visite des Allemands et eux vous dresseront.  Il ne fallait pas attendre longtemps pour que la menace soit mise à exécution. Dans la soirée du 29 mars, après avoir déposé de forts contingents de troupes à Azerat, La Bachellerie et au Lardin, le gros de la division Brehmer -unité spécialisée dans la répression des populations qui, de plus en plus massivement, apportent leur soutien à la Résistance très implantée et très active dans le secteur- fait son entrée à Terrasson".

Après l'installation de la Gestapo de l'état-major divisionnaire à la maison du peuple, aujourd'hui CineRoc, et la mise en place de ses quartiers à l'hôtel des Messageries, aujourd'hui Crédit agricole, la soldatesque nazie va pouvoir commencer la chasse aux patriotes. Dès l'aube du 30 mars, avec en poche des listes fournies par la milice et quelques collaborateurs locaux, des patrouilles partent dans tous les sens à la recherche des responsables de la Résistance. Mais heureusement, la plupart ont pu s'évaporer dans la nature, à la faveur de la nuit. De son côté, la Résistance armée ne pouvant faire face a la puissance de feu de la Division nazie, mais aussi pour éviter des représailles dans la population, avait décidé de se disperser vers des lieux plus cléments, en attendant que l'orage passe.

Furieux de ne pas voir pu mettre la main sur les principaux responsables de la Résistance, les hommes de la Gestapo vont s'en prendre aux suivants sur la liste et le premier de ceux-ci, René Lascaux 37 ans, secrétaire général de la mairie, est un informateur précieux de la Résistance. Il est arrêté à son bureau. Un peu plus tard, Max Tourailles 33 ans, père de famille, co-fondateur du groupe statique FTP. Pierre Rebière est interpellé à son travail à la verrerie. Tous deux seront conduits au siège de la Gestapo. Interrogés toute la nuit, ils ne parleront pas malgré les tortures et les mutilations. De l'un, les bourreaux voulaient obtenir le nom des chefs de la Résistance, de l'autre la liste des membres du parti communiste. Ce même jour, deux autres patriotes : Gaston Marty 35 ans et son employé Georges Gaucher 23 ans considérés sur la liste de dénonciation comme de dangereux salopards seront arrêtés à leur domicile et transférés au siège de la Gestapo. Après un interrogatoire musclé, ils seront fusillés dans la nuit, avenue Jules Ferry, à quelques dizaines de mètres de leur lieu de supplice.

Le lendemain, 31 mars, en fin de matinée, René Lascaux et Max Tourailles seront conduits sous bonne escorte sur la petite route conduisant de Gaubert à Preyssac. Ils seront lâchement assassinés dans une petite clairière à l'abri des regards. Cet horrible crime accompli, le détachement va poursuivre son oeuvre de destruction en incendiant, après les avoir pillés, les villages de Preyssac et Tranche. Des ruines fumantes du village de Tranche, l'on retirera les corps calcinés de René Michaudel 70 ans, Henri Faurie 66 ans, Paul Ferret 17 ans et Louis Bouzonnie 38 ans. On ne saura jamais si ces patriotes ont été fusillés puis jetés dans la fournaise ou s'ils y ont été jetés vivants.

Toujours, ce même jour, un autre détachement de Brehmer, parti en direction de Marquoil, va procéder à l'arrestation de deux jeunes combattants de la liberté : Marcel Sembat 23 ans et Charles Dupuy 19 ans. Ils seront fusillés sur la route conduisant de Marquoil à Fondanger. Leurs corps seront retrouvés à moitié enfouis sous les feuilles en lisière d'un bois, et il sera interdit à la population de participer aux obsèques.

Le 10 juin, Terrasson connaîtra un nouveau drame avec l'arrivée d'un élément de la division SS Das Reich, en route vers la Normandie. Tandis que le quartier de la mairie  est en flammes, un jeune combattant du premier bataillon FTP, Fernand Limouzi, 19 ans, grièvement blessé, sera pendu, pour l'exemple diront ses bourreaux, au balcon de la quincaillerie Manière, place du Pas Bruzat, aujourd'hui place des Martyrs, sous les yeux horrifiés de la population (hommes, femmes et enfants) rassemblée sur la place.

Toujours ce 10 juin noir pour Terrasson, Louis Treille 69 ans sera tué par un éclat d'obus au moulin de Coutal, Louis Tible 38 ans sera abattu à sa fenêtre, et Joseph Roubinet 56 ans au tournant du cimetière par des patrouilles sillonnant dans la ville. A cette longue liste des tragiques journées qui, de mars à août 1944, ont semé la mort et la désolation dans le Terrassonnais, nous devons associer pour les unir  dans un même hommage Marcel Legendre, 21 ans, fusillé par des Français à la prison de Limoges le 17 mars 44,  Roger Pomarel 18 ans, jeune combattant FTP grièvement blessé et achevé par ses bourreaux le 21 mai à Marmignac (Lot-et-Garonne), Gaston Sarnel 52 ans fusillé à Salon la Tour le 9 juin, Gabriel Dupuis 23 ans combattant de l'Armée Secrète tué dans les combats de La Galibe le 9 août et Jacques Bouyssou combattant de la demi-brigade As de Trèfle, tombé au cours de la libération de Brive. Cette tragédie sanguinaire aura fait au total 83 victimes dans le Terrassonnais, et à ce triste bilan humain, il convient d'ajouter l'incendie de 31 maisons et dépendances dans la seule commune de Terrasson...

Personne ne peut ignorer que l'avenir se nourrit du passé, les connaissances historiques sont la matrice même de notre devenir. La jeunesse a le droit et le devoir de connaître le passé pour comprendre le présent et préparer son avenir en toute connaissance de causes. La citoyenneté des générations passe immanquablement par cette base de la connaissance, ciment de notre identité et de notre solidarité nationale.

Savoir et comprendre ce qu'ont été le rôle, l'importance et l'idéal de la Résistance face au nazisme, porteur d'une idéologie raciste basée sur l'antisémitisme, la xénophobie et l'homophobie, c'est tout cela que nous expliquons dans nos rencontres avec les élèves dans les établissements scolaires. Au cours de l'année scolaire 2013-2014, nous avons témoigné et débattu avec 2495 élèves dans 125 classes (lycées collèges et primaires) et l'année 2014-2015 s'annonce prometteuse puisqu'à ce jour nous avons rencontré plus de 2000 élèves.

Être très vigilant face à la montée de l'extrême droite et combattre avec vigueur ses idées nauséabondes, défendre d'une façon constante les valeurs de la Résistance, telles sont les tâches essentielles de l'Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance (ANACR). Mais plus largement, c'est aussi la tâche de tous les citoyens qui ont au cœur l'amour de la Liberté, du vivre ensemble, de la Paix et des Libertés républicaines, car comme l'a si bien dit un grand humaniste : Un peuple qui ne connaît pas son histoire sera condamné à la revivre."

Discours prononcé par Lucien Cournil

 

 

 

 

 

 

 

 

(Discours à venir)

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