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27
Jan
2023

"Les couleurs du Noir" une conférence sur P. Soulages

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Terrasson - Loisirs/Culture

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La Conférence sur Pierre Soulages, "Les couleurs du Noir", donnée par Jean Marc Nicolas, historien de l'art et prêtre du diocèse de Périgueux, dans le cadre de l'Ares, salle socio-culturelle du Lardin, mercredi 25 janvier 2023, a rassemblé plus de quatre vingt personnes. Elle a offert à l'auditoire une vraie rencontre de l'artiste et de son oeuvre, présentée sur support vidéo en une deuxième partie ouverte aux questions et réactions du public. Ce furent, de l'avis de tous, deux heures passionnantes!

Après avoir souhaité à chacune et chacun pour 2023 "la paix du corps, l'ouverture du coeur et la vivacité de l'esprit, sa curiosité même," Jean Marc Nicolas a proposé que nous laissions de côté tout a priori  pour découvrir Pierre Soulages, l'homme, à travers son oeuvre. En 102 ans d'existence, ce dernier s'est consacré à la création à travers "un élément obscur, le noir, dont il fera une pensée, une quête et une expérience, à  la recherche de la lumière"...Il faut le comprendre en effet d'entrée de jeu, avec Pierre Soulages," l'art n'a pas à voir avec l'expérience du dire, mais avec l'expérience du vivre avec la lumière"...

Comment ce chemin s'est-il originé ? Une telle question demande d'aller au-delà des repères essentiels de sa biographie, sans toutefois les gommer, depuis son long ancrage à Rodez où il est né un 24 décembre 1919. Jean Marc Nicolas rappelle qu'"il "a toujours cherché la lumière", et il ajoute :"nous savons bien que la lumière n'est vraie que lorsque la nuit est abondante". Et certes, il y a eu très tôt dans la vie de Pierre Soulages de la nuit et du noir, car en 1926, alors qu'il était élève au pensionnat Saint-Joseph, il perd son père d'un cancer du pancréas. Elevé par sa mère, Aglaé Zoé et sa soeur Antoinette, de 14 ans son aînée, il écrit: "J'ai été élevé par deux mères qui portaient le deuil". Son rapport au temps, à l'absence, à la perte et à la présence, où se nouent les paradoxes du noir, se construit aussi dans sa fascination pour les vieilles pierres, les traces du passé, jusqu'à sa découverte des peintures rupestres de Pech-Merle et de Font de Gaume, d'Altamira puis de Lascaux grâce à un livre reçu en premier prix d'histoire de l'art  en 1936. A 8 ans seulement, alors qu'il était en train de dessiner à l'encre noire sur une feuille blanche, il répond à une amie de sa soeur qu'il peint "un paysage de neige". Il expliquera plus tard "ce que je voulais faire avec mon encre, c'était rendre le blanc du papier encore plus blanc, plus lumineux, comme la neige". Contraste, éclosion de la lumière par la puissance du noir... Sur grand écran, le public a pu longuement analyser dans quelques uns des immenses tableaux exposés au musée Soulages de Rodez, comment par les aplats de matière, leur inclinaison et leur rythme, les contrastes de valeurs jouent avec la lumière et la font surgir des noirs. Ce sont ces recherches de peinture informelle en quête de ce qu'il appelait le "noir-lumière" qui donneront à l'artiste une stature et une place particulières dans le champ de la peinture abstraite, où il a fait émerger à partir des années 80 le concept d'"outre-noir" comme une sorte d'outremer, un au-delà du noir utilisant ses reflets du noir et y associant même des bleus.

Mais cette conférence était trop riche pour que nous puissions transmettre davantage son contenu. Pour sûr, elle a permis au public de mesurer la densité et la diversité des recherches de Pierre Soulages, et d'accéder aussi à leur dimension spirituelle en s'arrêtant longuement sur la conception si dépouillée des vitraux de l'abbatiale Sainte-Foy de Conques, où il eut à 12 ans une émotion fondatrice, trouvant dans la beauté de l'architecture romane la révélation encore confuse de son désir de devenir peintre.

Celles et ceux qui ont pris la parole en fin de séance, entrant en résonnance ou en dialogue avec d'autres personnes dans la salle et avec le conférencier, ont confirmé que l'invitation de ce dernier à dépasser l'immédiateté du jugement d'appréciation: "j'aime  ou je n'aime pas" a bien été comprise et suivie. Cela a permis d'appréhender de façon à la fois plus libre et plus approfondie l'extraordinaire originalité de cette oeuvre. Les personnes  qui ont échangé sur leur expérience devant les vitraux de Conques et les tableaux exposés au musée de Rodez ont encore renforcé l'exhortation de Jean Marc Nicolas à nous rendre ensemble dans ces lieux pour une approche autrement plus riche et vivante que sur des photos.

Pour conclure, Jean Marc Nicolas a  cité les mots du Prince Mychkine dans" l'Idiot" de Dostoïevski, "La beauté sauvera le monde, grâce et par l'amour", citation à demi reprise comme on sait par André Malraux...

Rappelons que le prochain sujet de Conférence débat sera" Le Christianisme, le connaissez-vous?" Avec Mgr Rouet, salle socio-culturelle du Lardin, mercredi 8 février 2023  à 17h.

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