L’avant-première régionale du documentaire Les Yeux ouverts de Joffroy Faure a eu lieu le jeudi 7 mars 2024 au cinéma Studio 53 de Boulazac-Isle-Manoire (*). « C’est un film sur ma relation avec mon père qui a la maladie d’Alzheimer » explique le réalisateur-auteur qui a choisi de résider à la campagne, en terrassonnais.
Après un stage de 3ème chez un photographe, puis avoir été éducateur auprès d’enfants et d’adultes avec polyhandicap, il a touché à la peinture, le dessin et la danse. Il était à la recherche d’une réponse à la question : comment entrer en relation avec les gens quand on n’a pas la langue culturelle et les codes ? Il arrive par hasard au film documentaire. Pour ce film avec son père, tout est parti alors qu’il était en école de cinéma en Ardèche en 2020, pendant le confinement. « Il se passe quelque chose avec mon père qui est déjà malade. Je me rends compte qu’il y a une relation nouvelle possible, quelque chose qui commence à s’écrire ensemble » dit-il. « J’ai voulu filmer l’histoire de deux hommes qui se rencontrent à un moment particulier de leur vie pour chacun. Moi qui découvre le cinéma en tant que professionnel et qui me trouve face à lui avec la caméra. Lui qui est malade d’Alzheimer et qui l’amène à se re-interroger sur sa relation avec moi. C’est centré sur les échanges que l’on a ensemble… »
Joffroy faure reconnaît la difficulté de filmer dans l’intimité familiale. « C’était le moment de le faire pour moi, et de le faire pour lui. On a embrassé ce moment-là comme un bon moment de vie. On ne peut pas faire semblant, je suis vraiment impliqué. L’idée n’était pas de faire un film complaisant ou juste pour faire pleurer… »
‘Le titre du film Les yeux ouverts vient en fait d’un recueil de poésies édité chez un grand éditeur quand mon père avait vingt ans. Le film se construit alors à partir des traces qu’il avait de cette mémoire de ce livre-là ». Et le réalisateur confie : « avant la maladie, ce film n’aurait jamais pu avoir lieu. Notre relation était très distante. On n’avait jamais réussi à vraiment se rencontrer ». Dans le tournage, sa mère était très présente. « Elle a vraiment été collaboratrice du film. Elle est peintre et exprime à travers sa peinture sa relation avec mon père. C’est un peu le fil rouge du film ».
Le réalisateur s’est installé en Terrassonnais il y a quelques années. Né en Haute-Corrèze, et après avoir vécu à Limoges, il a eu un coup de coeur pour un terrain dans la campagne près de Villac. « Il y a ici le vélo et la nature. Je ne pourrais plus vivre en ville… »
Dans l’interview vidéo (15’08) ci-dessous : Le réalisateur s’est installé en Terrassonnais, il y a quelques années (se caler à 4’30). Le réalisateur reconnaît la difficulté à filmer dans l’intimité familiale (se caler à partir de 6′). Le titre « Les yeux ouverts » vient d’un recueil de poésies édité chez un grand éditeur quand son père avait 20 ans (se caler à 10′). Sa mère, artiste peintre, est un peu le fil rouge de ce film (se caler à 11’45).
(*) La séance à Boulazac est organisée conjointement par ALCA (Agence Livre Cinéma Audiovisuel) Nouvelle-Aquitaine et Ciné Passion en Périgord. Elle se déroulera en présence du réalisateur. Synopsis : « Depuis quelques années, Pierre, mon père, est atteint d’une maladie de l’oubli. Avant que tout ne s’efface, nous décidons de profiter du temps qui reste pour nous regarder et nous parler comme jamais. Avec son langage poétique qui le caractérise, Pierre essaie de dénouer les fils d’une histoire complexe de la maladie dans laquelle notre relation est prise malgré nous. Au fur et à mesure de mes sollicitations et de l’urgence qui nous pressent, c’est toute une relation filiale qui se réinvente dans chaque instant vécu, avec ses complexités, ses bonheurs et ses fulgurances. Un chemin vers une joie retrouvée ».